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La maison de repos plus chère que le domicile ? Pas forcément.

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La fédération des maisons de repos, Femarbel, vient de réaliser une étude comparative des coûts entre le maintien au domicile et l’hébergement en maison de repos. Et elle montre une chose : lorsque la santé se dégrade, les structures d’accueil pour seniors ne sont pas plus chères.

Alors que la crise sanitaire a durement impacté le secteur de l’hébergement des aînés et que les autorités politiques envisagent de passer à un modèle de soins majoritairement ambulatoires, Femarbel, la fédération des maisons de repos, publie une étude comparative très intéressante sur le coût réel des différentes formules d’hébergement et du maintien à domicile de la personne âgée. Cette étude est en réalité une réactualisation de celle menée en 2017 par l’économiste Philippe Defeyt et José Pincé, professeur en gestion des institutions de soins de l’ULB.

Il est clair que les données dans le secteur sont rares et que cette étude est la bienvenue pour y voir un peu plus clair et elle a d’ailleurs permis de mettre en place un simulateur baptisé Femartool qui permet de déterminer le coût d’une situation à charge de la personne, mais aussi à charge des pouvoirs publics (Régions et Fédéral).

Du sur-mesure

L’étude montre que le coût est variable d’une situation à l’autre, en particulier parce que l’état de la personne sera déterminant, c’est-à-dire son degré de dépendance. Si cette dépendance est élevée (beaucoup de frais de soins comme des soins infirmiers, de la kiné, aide familiale, garde, etc.), les coûts de prise en charge peuvent littéralement exploser. Le simulateur permet justement de déterminer avec précision les coûts à charge du patient et de la collectivité, le tout en fonction d’une situation à un moment donné.

Le simulateur de Femarbel montre par exemple que le coût le plus faible est celui de l’aîné qui vit à domicile, mais pour autant qu’il ne rencontre pas de problème de santé. Dans l’optique où un accident survient et que la personne doit être hébergée et soignée en maison de repos, le coût explose en raison de tous les soins à prodiguer. Troisième cas de figure : la personne est été hébergée en maison de repos par choix, elle paye certes un peu plus cher, mais elle probablement aussi à l'abri d’accidents, ce qui réduit la charge supportée par la collectivité et les besoins en soins. En outre, l'encadrement médical et les éventuels soins ponctuels permettent aussi de maintenir la personne dans la meilleure forme tout au long de son séjour.

Jusqu’à présent, l’entrée en maison de repos est souvent vue comme la solution lorsque la personne est devenue totalement dépendante, ce qui est probablement dommage dans le sens où les maisons de repos sont avant tout des lieux de vie et de socialisation. L’outil Femartool développé permettra en tous cas de récolter des données afin d’aider à déterminer le meilleur modèle pour l’avenir. Idéalement, il est clair que la personne concernée ne devrait jamais devoir choisir en fonction des raisons financières. Philippe Defeyt rappelle d’ailleurs au journal Le Soir que « la question de la prise en charge du vieillissement et de son financement doit d’abord se poser en termes de choix de société ».

Pour Philippe Defeyt, le défi futur sera aussi et surtout de ne pas réduire le vieillissement et sa prise en charge à une question de prix. « On ne fait ici que répertorier les données brutes et objectives de l’ensemble des coûts, mais on ne tient évidemment pas compte de l’aspect qualitatif de la prise en charge, dit-il. Dans l’idéal, personne ne devrait avoir à choisir un encadrement pour des raisons financières uniquement. La question de la prise en charge du vieillissement et de son financement doit d’abord se poser en termes de choix de société. »

Lire l'article paru dans LE SOIR du 11 octobre 2021