Futur hôpital Saint-Pierre à Wavre : apprendre à construire autrement

Le futur hôpital de Wavre verra le jour en 2029. Mais les travaux ont déjà commencé, notamment avec l’aménagement d’un terrain « tampon » qui permettra de gérer les eaux pluviales, de faire de la géothermie tout en étant un écrin de verdure ouvert à toutes et tous.

Un nouvel hôpital sortira de terre d’ici quelques années. Mais vous avez déjà procédé à une série d’aménagements autour du site, notamment pour gérer les eaux pluviales. En quoi cela transforme-t-il votre manière de concevoir les infrastructures hospitalières ? 

Concevoir une infrastructure hospitalière, c’est penser à très long terme : le bâtiment actuel d’Ottignies est en service depuis plus de 50 ans. Il ne suffit donc plus de répondre aux normes environnementales du moment. Il faut anticiper les conditions climatiques futures et intégrer les risques émergents dès la conception.

Pour la gestion des eaux pluviales, nous avons volontairement adopté des hypothèses plus sévères que les standards habituels. Alors que la référence classique repose sur une pluie statistiquement observée une fois en 50 ans, notre projet suit le référentiel international BREEAM, qui suggère de prendre en compte une pluie centennale, à laquelle nous avons ajouté 10 % de capacité supplémentaire pour intégrer les effets du changement climatique.

Sur un site de 15 hectares au relief parfois prononcé, cela a conduit à une approche combinée mêlant bassins d’infiltration, fossés drainants, noues végétales et zones d’inondation temporaire. Ces ouvrages ne sont pas des éléments techniques isolés : ils s’intègrent dans un aménagement paysager cohérent, durable et fonctionnel.

Quels sont les bénéfices directs de ce projet pour les patients ou les riverains ? 

Ce projet n’est pas seulement un hôpital, c’est une vision de la santé durable où l’environnement naturel devient un partenaire actif du soin. La nature est au cœur de la conception du nouveau site hospitalier. L’ambition était claire : créer un hôpital dans la verdure, à la fois refuge de soins et lieu de bien-être.

De nombreuses études ont montré que le contact avec un environnement naturel réduit le stress et l’anxiété, stimule positivement les sens et favorise la récupération des patients ainsi que le bien-être du personnel.

Autour d’une forêt de 1,5 hectare, les ouvrages de gestion des eaux ont été pensés comme les fondations d’un parc paysager accessible, traversé par un chemin cyclo-piéton et ponctué d’aires de repos. Ce cadre vert encourage la mobilité douce et les interactions sociales informelles, deux leviers essentiels du mieux-être.

Pour les riverains, le projet joue un rôle protecteur : les espaces verts forment une zone tampon entre les habitations et les futurs bâtiments. Situées en contrebas du site, les maisons bénéficient des aménagements anti-ruissellement conçus pour éviter tout impact hydrologique négatif. De plus, ces espaces verts réduisent les îlots de chaleur en limitant l’accumulation thermique des matériaux artificiels et en améliorant le confort nocturne.

Comment Wallonie Santé a-t-elle pu vous soutenir dans cette initiative ? 

Le succès de ce projet repose sur une stratégie de phasage intelligent. La première étape a été le développement d’une zone tampon de 2 hectares, bien avant le démarrage du chantier principal. L’objectif : permettre à la végétation de croître et aux ouvrages hydrauliques structurants de s’installer à temps pour répondre efficacement aux enjeux du terrain dès les travaux lourds.

Dans un contexte où le financement des infrastructures hospitalières en Wallonie reste partiellement subsidié, plafonné pour les abords et étalé sur 25 ans via l’occupation future des lits, le soutien de Wallonie Santé a été déterminant. En apportant un financement en amont – bien avant l’intervention des banques – Wallonie Santé a permis de sécuriser une étape critique et de poser les bases concrètes de ce projet ambitieux.

Avez-vous d’autres projets en résilience climatique pour vos infrastructures, à court, moyen ou long terme ?  

Le nouvel hôpital de Wavre s’inscrit dans une vision de transition énergétique. L’objectif est de supprimer tout recours aux énergies fossiles au profit d’un modèle « tout électrique » basé sur des pompes à chaleur alimentées par des sources renouvelables.

La production sera en partie assurée par 1,5 hectare de panneaux photovoltaïques. En complément, le projet exploite un gisement de géothermie ouverte grâce à deux nappes aquifères identifiées. Une étude exploratoire a confirmé leur potentiel énergétique durable.

Bien que ces solutions innovantes représentent un surcoût par rapport aux équipements classiques, elles s’inscrivent dans une logique de résilience climatique et d’autonomie énergétique. Elles ouvrent de nombreuses opportunités de partenariat futur avec Wallonie Santé.

L’avis d’Alexandre Hock, Investment Manager 

« Le futur hôpital de la Clinique Saint-Pierre incarne une architecture moderne et résiliente, intégrant dès sa conception la gestion durable des eaux pluviales sur un site sensible aux ruissellements. Les premiers aménagements, tels qu’une zone tampon végétalisée et un parc boisé, illustrent la volonté d’anticiper les défis climatiques tout en garantissant un cadre de vie de qualité. Par son intervention via un prêt Climate Resilience, Wallonie Santé affirme sa volonté de placer le climat au cœur de la santé publique et contribue à faire de la Clinique Saint-Pierre un modèle inspirant pour l’hôpital de demain. «