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Etude KCE-KUL : il faut fixer un nombre maximal de patients par infirmier

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Une nouvelle étude, menée par le Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé et la KUL, recommande un nombre de patients maximal par infirmier.

 

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Texte

L’étude menée par le Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) et la KUL est en réalité une réédition enrichie d’une enquête menée il y a 10 ans. Celle-ci indiquait, à l’époque, que le quota maximum de patients par infirmier était beaucoup plus élevé que ce que prescrivaient les normes internationales. Cette réédition montre que, malgré les recommandations, peu de choses ont changé dans ce laps de temps. « Il est nécessaire de mettre en place une politique fixant un nombre légal maximum de patients par infirmier, et d’y investir les moyens nécessaires, afin d’améliorer à la fois les conditions de travail des infirmiers et la sécurité des soins » recommande l’enquête qui a interrogé 5000 intéressés au sein de 84 hôpitaux en Belgique.

9,4 patients

L’étude montre que chaque infirmier est en charge de 9,4 patients aujourd’hui (contre 11 en 2009) alors que les normes prescrivent un maximum de 8 patients par infirmier. En effet, au-delà de ce seuil de 8 patients, la sécurité élémentaire n’est plus assurée. Et la KCE d’enfoncer le clou : bien que le personnel a augmenté en milieu hospitalier ces dernières années, leur nombre reste encore insuffisant, surtout compte tenu des besoins croissants du secteur.

Engager avec urgence

Les prévisions du KCE aboutissent à des recommandations. L’organisme indique qu’il faudrait accroître le personnel de 1629 ETP, ce qui correspond à un budget annuel supplémentaire de 118 millions d’euros. Et il s’agit d’une urgence. Le KCE indique que « cette mesure doit être considérée comme une mesure d’urgence, et comme le minimum absolu de ce qui doit être entrepris ».

Dans un second temps, il faudra davantage d’ambitions pour ramener le nombre de patients par infirmier à la prescription originale, soit 8/ETP. Il va de soi par ailleurs que tous les services ne sont pas logés à la même enseigne et que chacun d’entre eux fait état de besoins bien particuliers en fonction des pathologies traitées. Le KCE estime que « pour les services de chirurgie, de médecine interne, de gériatrie, de revalidation et de pédiatrie, ce renfort représente environ 5500 infirmiers à temps plein, pour un budget annuel supplémentaire de 403 millions d’euros ».

Redistribution des tâches

Enfin, l’étude indique que cette augmentation de personnel doit aussi être concomitante à une redistribution des tâches. En effet, celles qui ne relèvent pas des soins infirmiers doivent être assurées par d’autres professionnels. Cette recommandation aurait pour effet selon le KCE de remotiver le personnel infirmier et de rendre la fonction plus séduisante pour les jeunes. En effet, l'étude met en lumière qu’un infirmier sur quatre n'est pas satisfait de son emploi et que 10% envisagent même de quitter la profession. Trente-six pour cent présentent également un risque de burn-out, un chiffre en augmentation au cours des 10 dernières années.

Réaction de Maggie De Block

La ministre de la Santé, Maggie De Block (Open-VLD) a réagi à l’étude. Elle a tenu à rappeler que « les infirmiers jouent un rôle majeur dans le cadre des soins hospitaliers, car ils sont non seulement proches des patients, mais aussi des médecins et d’autres prestataires de soins. Leur importance ne fera que se renforcer dans les prochaines années, étant donné que les besoins de citoyens en matière de soins ne cessent d'augmenter ». Et elle insiste par ailleurs sur les progrès réalisés, arguant que « des moyens supplémentaires ont été octroyés dans le cadre des accords sociaux pour le personnel des établissements de soins fédéraux publics et privés ». La ministre entend en outre repenser fondamentalement le métier d'infirmier ainsi que la délégation de certaines tâches. Car pour elle, c'est une manière de pouvoir utiliser chaque prestataire de soins là où il/elle peut faire la plus grande différence pour le patient. Elle rappelle enfin que certains hôpitaux arrivent à un ratio infirmier/patient idéal.


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